2015
PRÉSENTATION
L’ostéopathie est une science art philosophie qui partage avec la pratique artistique de la danse des fondamentaux liés au corps.
Au corpsconscience.
Présence, ancrage, attention, lâché prise, confiance,
Bienveillance, accord, touché, respect…
Nous suivons ici, une transmutation qui associe plus qu’elle ne sépare, qui opère des glissements entre une pratique créative de la danse comme mode relationnel à soi, à l’autre et donc au monde ; avec une pratique du contact, de la connaissance, du toucher, et de l’appui thérapeutique, qui procède des mêmes développements de l’être.
Chacune de ces pratiques est singulière et le reste. Chacune exige un chemin d’apprentissage, d’expérimentations, et des objectifs qui lui sont propres.
Elles dialoguent cependant de façon fine et terriblement pertinente, quand il s’agit de révéler ce qu’elles potentialisent en l’être humain. L’approche du corps y est « holistique » c’est-à-dire une, et ce depuis les fondements de l’ostéopathie, il y a plus de cent ans, depuis les origines sacrées de la danse qui remontent probablement aux premières communautés humaines.
Dans l’ouvrage « La vie en mouvement » et à propos de la vision ostéopathique de Rollin Becker :
« Rollin Becker a consacré toute sa vie à l’étude et la pratique de l’ostéopathie.
Suivant les directives d’A.T. Still et W.G. Sutherland, il apprit à la source la plus compétente possible : les forces vivantes existant au sein du corps vivant.
Il était conscient que tout ce qui est en vie est en mouvement, que la vie elle-même se manifeste sous forme de mouvement
Selon lui, la véritable « santé » correspond à une liberté totale de mouvement à l’intérieur d’un être vivant et ce, à tous les niveaux : corporel, mental et spirituel.
Il comprenait également que le pouvoir de la vie réside dans l’immobilité qui centre le mouvement.
Il percevait l’existence d’un potentiel inhérent, d’une puissance se manifestant au sein de tous les êtres vivants pendant la durée de leur vie.
Ces propriétés de la vie, du mouvement, du potentiel inhérent et de l’immobilité sont autant de ressources disponibles permettant le rétablissement de la santé.
Rollin Becker a toujours souligné que cette immobilité et cette vie en mouvement existent aussi bien à l’intérieur de l’ostéopathe que du patient.
Dans le corps du patient, ces mécanismes représentent les capacités d’autorégulation en continuel fonctionnement… »
Aujourd’hui, Alain Cassoura, dans un entretien autour de son livre « L’énergie, l’émotion, la pensée au bout des doigts », répond à la délicate question de l’agir/non agir :
« Oui c’est ça…Et en même temps c’est difficile parce que l’on est sans arrêt en train de surfer entre l’agir et le non agir, entre la nécessité de mettre en place une structure pour aller vers… Et en même temps de briser la structure pour laisser émerger autre chose… Au fond, j’ai l’impression que c’est un perpétuel chantier avec des constructions et des dé-constructions pour pouvoir avancer vers quelque chose qui aurait tendance à devenir de plus en plus Un. »
Nous pourrions très justement transposer ces propos aux situations d’improvisation et de composition instantanée dans le mouvement dansé. Nous pourrions même y trouver ce qui fonde tout état de création, tout processus créatif.
Et c’est peut être là, dans cet « entre » là, que s’opère la création, la naissance du mouvement, cet espace-temps là, immobile, pourrait être le « chant croisé » de la danse et de l’ostéopathie.
Alain Cassoura nous offre encore dans son livre ce beau poème de T.S. Eliot :
Au point immobile du monde qui tourne
Ni chair, ni absence de chair ;
Ni origine, ni destinée ;
Au point immobile, là est la danse,
Mais sans arrêt ni mouvement.
Et n’appelez pas fixité,
Là où passé et futur se rejoignent.
Mouvement sans source ni but,
Ni ascension ni déclin.
Sans le point, le point immobile,
Il n’y aurait nulle danse,
Et il n’y a que la danse.
A bientôt pour la suite………A.M. Pascoli